Mieux vaut avoir l'estomac solide pour traverser Les Sept Jours du talion tant certaines scènes frôlent l'insoutenable. On dévore pourtant avidement ce thriller psychologique de Patrick Senécal. La vie de Bruno Hamel plonge dans les ténèbres lorsque sa petite Jasmine est violée et assassinée. Il concocte alors un ingénieux plan pour kidnapper le monstre à qui il infligera les pires tortures (le justicier est chirurgien), tout en le maintenant en vie. Pour les policiers, c'est le début d'un haletant compte à rebours, et pour Bruno, le cauchemar ne fait que commencer… À la vue de cet embryon de sourire, Bruno ouvrit enfin les portes de son cœur et de son âme à la haine qu'il contrôlait depuis une semaine. Si d'abord elle s'infiltra en lui par un mince ruisseau, elle se transforma en quelques secondes en rivière, en torrent, en fleuve déchaîné qui déferla dans son être en détruisant tout sur son passage. Entre les scènes de sévices flirtant avec l'horreur, un genre que l'auteur de Sur le seuil connaît bien, on accueille avec soulagement la description du déroulement de l'enquête. En décortiquant le comportement de plus en plus erratique de Bruno et les interrogations du détective Mercure, Patrick Senécal explore les ressorts de la vengeance, cette tentation horriblement humaine. Très habilement mené, ce cinquième livre de l'un des rares auteurs québécois de roman noir démontre jusqu'où peut mener la haine. --Marie Labrecque
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