|
|
| |
Les jeux sont faits
| Jean-Paul Sartre
| - Il m'a empoisonnée ? - Eh oui, madame. - Mais pourquoi ? pourquoi ? - Vous le gêniez, répond la vieille dame. Il a eu votre dot. Maintenant il lui faut celle de votre sœur. Ève joint les mains dans un geste d'impuissance et murmure, accablée : - Et Lucette est amoureuse de lui ! La vieille dame prend alors une mine de circonstance : - Toutes mes condoléances... Mais voulez-vous me donner une signature ? Machinalement, Ève se lève, se penche sur le registre et signe. - Parfait, conclut la vieille dame. Vous voilà morte officiellement. Ève hésite, puis s'informe : - Mais où faut-il que j'aille ? - Où vous voudrez. Les morts sont libres.
|
|
|
|