On a pu dire de son œuvre qu'elle était pornographique et immorale. Et jamais Henry Miller n'aurait démenti ces propos. Aux États-Unis, Henry Miller est l'homme par qui le scandale arrive. Le scandale de celui qui ose dire la vérité du sexe, obstinément et crûment. Dans Sexus, deuxième opus de son autobiographie, on retrouve un Henry Miller âgé d'une trentaine d'années qui, comme à l'accoutumée, tire le diable par la queue, emprunte de l'argent pour ne pas sombrer et rêve de devenir un grand écrivain. Nous sommes dans le Brooklyn des années vingt et la crise n'est pas loin. Un jour, Miller rencontre dans un dancing une entraîneuse nommée Mara dont il tombe raide amoureux. Durant 7 ans, ils vivent une passion torride et dévastatrice. "C'était l'apothéose de ma vie", se souvient Miller au début de Sexus. L'humour de Henry Miller n'a pas d'équivalent. Un mélange détonnant de fausse culpabilité juive, d'égoïsme revendiqué et de conscience aiguisée de la lâcheté masculine. Mais, pour Miller, tout se noue et s'enroule autour du corps des femmes. Sexe über alles ! Le sexe, comme le pensait Miller, est le domaine naturel du roman. Il devient dans Sexus la matière première du livre, transformée aussi bien en intrigue dramatique qu'en observation sociale, en philosophie hédoniste qu'en rempart ultime et unique contre la mort. --Denis Gombert
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